Histoire du kitesurf

Genèse – gestation : 1970 – 1984

Les premiers éléments modernes de glisse « aérotractée » apparaissent dans les années 1970. D’abord avec les cerfs-volants Flexifoil de Ray Merry et Andrew Jones, 2 étudiants anglais. Ensuite avec le brevet déposé par le néerlandais Gijsbertus Panhuise en 1977 pour une planche de surf tractée par un parachute. Au début des années 80, de nombreux inventeurs ou expérimentateurs testent et développent le concept. L’aventurier français, Arnaud de Rosnay s’en sert par exemple pour tracter sa planche à voile pendant les périodes de sommeil de sa traversée entre les îles Marquises et les îles Tuamotu. Peu après, Bill Roesler et son fils Cory mettent au point le kiteski pour naviguer sur une paire de skis nautiques tirés par une aile delta. En France, une avancée décisive est apportée par les finistériens Bruno et Dominique Legaignoux avec leurs recherches sur une aile gonflable courbe. Ils déposent un brevet en 1984.

Naissance et premiers pas : 1985 – 1997

Les frères Legaignoux continuent leurs recherches en expérimentant leur aile sur tous les supports imaginables : bateaux de différents types, skis nautiques, buggy, planche, etc. Parallèlement, en 1990, tout en ignorant les travaux des Legaignoux, les surfeurs Laird Hamilton et Mike Waltz testent à Hawaii, une planche de surf tractée par une aile à caisson ITW. Ils initient le planchiste français Manu Bertin qui, à la recherche d’un cerf-volant plus adapté, découvre l’aile des frères Legaignoux. Ils les rencontrent et leur achète plusieurs ailes. En 1997, ce même Manu Bertin fait la Une de Windsurf Mag, les amateurs et professionnels de la glisse découvrent un nouveau sport : le Flysurf.

Dans le même temps, le marché de la planche à voile jusqu’alors florissant est victime d’une course à la technologie et de prix toujours plus élevés. Il décline fortement et les principaux acteurs de cette industrie identifient progressivement la nouvelle activité comme un marché potentiel. Ainsi en 1996, avec la collaboration des frères Legaignoux, NeilPryde, un des leader du marché du Windsurf, produit les premières ailes de manière industrielle. Elles sont vendues par les 2 frères sous la marque restée célèbre : Wipika. En 1997, toujours en France, la petite marque de planche à voile, F-One, produit la première planche kitesurf de série. L’année suivante, la société Naish International du célèbre champion éponyme commence à proposer des kites. Dans le même temps, un autre champion de Windsurf, Pete Cabrinha crée sa marque sous l’égide de NeilPryde. Les deux sociétés, qui deviendront des acteurs majeurs du kitesurf, produisent alors sous licence du brevet Legaignoux.

Croissance, démocratisation et institutionnalisation : 1999 – 2005

A partir de 2000, le Flysurf, devenu Kitesurf se démocratise et s’institutionnalise. De nombreuses marques apparaissent dans la foulée de Naish, Cabrinha et F-One.

Au niveau international, Bruno Legaignoux crée en 1999 le réseau d’écoles Wipika School Network, qui devient ensuite l’IKO (International Kiteboarding Organization). En France, en 2002, les disciplines de Glisse Aérotractée Nautique (GAN) sont reconnues par le Ministère des Sports comme activités sportives. Une formation et un brevet de moniteur sont créés en 2003 à travers le BPJEPS GADA (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport, mention Glisse Aérotractée et Disciplines Associées).

Vocabulaire : systèmes de largage
Le largueur « Quick release » permet de désolidariser l’ensemble barre / lignes / aile, du crochet du harnais du kitesurfer qui reste alors accroché par le leash d’aile annulant ainsi la plus grosse partie de la puissance de l’aile.
Le largueur de leash d’aile permet lui, de désolidariser intégralement le kitesurfer de l’ensemble barre / lignes / aile.  

Depuis 2005, croissance et quête de maturité

Le kitesurf fait désormais partie des paysages littoraux. Le public s’est habitué au ballet multicolore des ailes, même s’il le regarde toujours avec une certaine appréhension. Entre baigneurs, promeneurs, marcheurs aquatiques et autres amateurs de plage, des conflits d’usage apparaissent. Au point que les communes les plus balnéaires légifèrent en interdisant ou organisant la pratique sur certains spots.

Le littoral a vu fleurir également les écoles de kitesurf gérées en France par des moniteurs BPJEPS ou DEJEPS. Elles proposent désormais une offre de formation structurée même si elles peinent à se fédérer entre les différents réseaux FFVL (Ecole Française de Kite), Afkite (Pro Kite Center) et FFV.

Vocabulaire : Kite
Dans le jargon du kitesurfer français, le terme « Kite » qui en anglais signifie « cerf-volant » a une double signification :
– Diminutif du terme « kitesurf », il désigne donc l’activité. Exemple « je fais du kite ».
– Anglicisme pour « aile de traction ». 

Sur le plan technique, le concept a continué d’évoluer avec la multiplication des types de pratique et des supports. Sur terre, sont apparus le land kite et le snowkite. Sur l’eau, qui reste le terrain de prédilection des kites, l’incontournable twintip cohabite désormais avec le foil et le surf strapless.
A noter également, le record du monde de vitesse sur l’eau du français Alexandre Caizergues en 2017. A plus de 107km/h, il réalise une performance révélatrice des progrès techniques des 20 dernières années.

Malgré une évolution technique et une démocratisation rapides depuis 20 ans, le kitesurf n’en est pas moins un sport jeune et toujours en phase de structuration. Sur le plan économique et à l’échelle du marché sportif global, l’activité est relativement confidentielle. Le nombre d’ailes vendues dans le monde en 2017 est estimé à 140 – 150 000 (Source GKA). En France, un des pays précurseurs, la FFVL et la FFV comptaient moins de 9000 licenciés en 2020 pour un nombre de pratiquants estimé entre 25 000 et 40 000. La fourchette est large et il n’existe pas de statistiques fiables à ce niveau. Dans tous les cas, ces chiffres sont à rapprocher aux 2 millions de footballeurs français licenciés ou de manière plus parlante, toujours en France, aux 260 000 pratiquants de plongée sous-marine, dont 150 000 licenciés. A l’opposé, le nombre de marques fournissant du matériel kitesurf est exceptionnellement élevé. Rien que pour les ailes de kite, on compte plus de 45 marques dans le monde. Ce décalage entre le nombre de fournisseurs et l’étroitesse du marché est symptomatique d’un secteur en recherche de maturité.

Source principale, le livre :
Kitesurf : du rêve à la réalité
de Bruno Legaignoux.